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DELIGNAC Jean

Il est né à Talais (Gironde), le 25 décembre 1877.
Embarqué le 3 novembre 1892 sur le 3-mâts PENARF de Bordeaux, capitaine Guiho de Penestin. Il fait 3 voyages successifs de Bordeaux sur Maracaibo (Venezuela), sur Cayenne avec escale aux Antilles. Débarqué de ce navire, en juillet 1894. Fonctions à bord : pilotin et novice.
Embarqué en novembre 1894 sur le 3-mâts PARAME de Redon, capitaine Jeanne, en qualité de novice. Débarqué à Marseille en mai 1896 : Voyage Bordeaux, Newport, Guadeloupe, Bordeaux, Newport, La Barbade, Liverpool, La Para (Brésil), Guadeloupe, Marseille.
C’est dans ce dernier voyage, que le navire étant à la cape sous les huniers fixes, j’ai été enlevé en serrant le grand foc. Bien que ne sachant pas nager, ayant bottes aux pieds et ciré sur le dos, je n’ai été recueilli que 20 minutes après, par une mer démontée : Chance ! Miracle !
Embarqué en qualité de matelot en septembre 1897, sur le steamer SAINT ANTOINE, de Bordeaux : Voyages d'Algérie. Débarqué fin décembre 1897, pour entrer au Service.
Entrée au Service le 27 septembre 1897, libéré le 1er janvier 1902.
Trois mois après ma sortie du Service, embarqué en qualité de second sur le 3-mâts neuf JEANNE CORDONNIER, capitaine Porcher, Sté des Voiliers Français : Voyage Le Havre, Port Talbot, San Francisco, Dublin.
Le 9 août 1902 au matin, nous nous trouvons dans le sud du cap Horn, grosse brise de S-W. avec grains de grêle et de neige. Aperçu devant nous, un navire démâté au ras du pont, de son grand mât et de son mât d'artimon, faisant route sous sa misaine et son petit foc. Nous étant rapprochés et n'obtenant de réponses à notre demande s'il avait besoin de secours, et pensant que des blessés pouvaient encore être à bord, mis une embarcation à la mer pour me rendre sur ce navire qui était le 3-mâts Russo-Finlandais LOTOS de Mariehamm. La mer était si grosse que je n'ai pas pu monter à bord, mais j'ai pu me rendre compte par certaines dispositions prises, que ce navire était démâté depuis longtemps et qu'il ne possédait plus d’embarcations, tout paraissait en ordre à bord. Au mois d’août, la nuit vient vite au cap Horn. Remonté à bord de la JEANNE CORDONNIER à 8 heures du soir après être resté 6 heures dans le canot. A notre arrivée à San Francisco, nous avons appris que toutes les enquêtes faites pour savoir ce qu'était devenu 1’équipage et le navire étaient toutes muettes sur sort.
Embarqué en avril 1911 sur le s/s ANTOINE de Bayonne, en qualité de second capitaine. Après un voyage sur la Mer Noire, et un autre dans le golfe de Finlande, pris ce vapeur en commandement et fait de nombreux voyages de Russie avec retour en Hollande. Quitte ce commandement pour prendre celui du HOMCENENT.
Au retour d'un voyage en Mer Noire, Poli (Russie) parti pour West Hartlepool prendre sur chantier le vapeur MARGUERITE. C’est avec ce vapeur que les premières expériences de charbonner les navires de guerre en les accostant ont été faites en 1912. Continué avec ce vapeur des voyages dans tous les ports européens jusqu'en juillet 1914.
Etant en permission quand la guerre a été déclarée, je n'ai pu reprendre mon commandement. J'ai été utilisé en qualité d’enseigne de vaisseau auxiliaire en mai 1915 et envoyé immédiatement aux Dardanelles. Resté en Orient jusqu'en mai 1917, je commandais à ce moment, la Marine dans l’île de Méthylène. Rentré en France, étant désigné au choix pour embarquer en qualité de second sur le patrouilleur corsaire JEANNE ET GENEVIEVE, bateau piège, commandant Estesse.
Le 6 août 1917, étant en patrouille dans l'Atlantique, nous captâmes un S.O.S. du vapeur américain CAMPINA qui était aux prises avec un sous-marin allemand. Le dernier appel entendu disait qu'il coulait. Arrivés sur les lieux du combat, nous fûmes à notre tour attaqués par le sous-marin qui était le U-61, commandé par le fameux capitaine Dieckmann. Blessé, je rentrais le lendemain à l’hôpital de Rochefort et j’étais proposé immédiatement pour la Légion d’Honneur avec la citation suivante : « Officier d'une modestie et d'un dévouement à toute épreuve, gravement blessé lors d'un engagement avec un sous-marin ennemi, perdant son sang en abondance, n'en a pas moins continué son service allant jusqu'à aider à l'approvisionnement d’une pièce dont plusieurs servants étaient hors de combat ». Précédemment cité au Corps Expéditionnaire d'Orient. Pour ce fait, décoré le 6 août 1917 de la Croix de Guerre avec palme, de la Légion d’Honneur et quelques mois après, la Marine anglaise me décernait la Distinguished Service Cross.
Retiré à Pauillac, où conseiller municipal de 1927: Il a rempli depuis 1960, les fonctions d’adjoint au Maire comme officier d’Etat civil. Décoré de la Médaille Départementale et Communale, avec échelon de vermeil : (longévité de mandat de 1927 à 1977). Trésorier des Hospitaliers Sauveteurs Bretons, jusqu'en 1977.